Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE L ’ i M E. 169

mais on a icmârqué qu’il en fait un machinifte ii mal habile , que fon ouvrage ne peur aller , li l’ouvrier ne le fait mouvoir fans cefle , comme s’il avoit prétendu par cette idée Cartéiienne , faire trouver peu furprewant que dieu fe fut repenti d’avoir fait Thomme.

Après cela , Mallebranche auroit-il prétendu au rang des génies, c’eft-à-dire, de ces efprits heureufemcnt faits pour connoître & expofer clairement la vérité ? Qu’il en eft différent ! Mais i’ans doute on le prendra pour un efprit célefle , étheré , dont les fpéculations s’étendent au-delà du douzieuie ciel de Ptolomée ; car des idées acquifes par les fens , quedis-je ! les idées innées de Defcartes ne lui fuffifent pas ; il lui eu faut de divines , pu :fécs dans le fcin de rimmenfité , dans l’infini : il lui faut un monde Jpirltucl , inteWgihlc ( ou plutôt inintelligible) où fe trouvent les zVec^ , c’eft-à-dire , les images , les repréfentations de tous les corps ^ au hafard d’en conclure que dieu eft tout ce qu’on voit , & qu’on ne peut faire un pas , fans le trouver dans ce vafte univers , félon l’idée que Lucain exprime ainfi dans le neuvième livre de fa phirrale :

Jupiter ejl quodcum^uc vides , quuciimquc moveris.

Le célèbre Leibnitz raifonne à perte de vue