Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D E l’ A M E. 1H3

ce tumulte qui fe paiTe en nous-même malgré nous ; enfin , il faut que Tattention de l’ame ibit bandée en quelque forte fur une feule perception , que l’ame y penfe avec complaifance , avec force , comme pour conferver un bien qui lui eft cher. En effet , n la caufe de l’idée dont on s’occupe , ne l’emporte de quelque degré de force , fur toutes les autres idées , elles entreront de dehors dans le cerveau ; & il s’en formera même au-dedans , indépendamment de celles-là , qui feront des traces nuifibles à nos recherches, jufqu’à les déconcerter & les mettre en déroute. L’attention eft la clef qui peut ouvrir, pour ainfi dire , la feule partie de la moelle du cerveau , où loge l’idée qu’on veut fe repréfenter à foi-méme. Alors fi les fibres du cerveau extrêmement tendues , ont mis une barrière qui ôte tout commerce entre l’objet choih , & toutes les idées iadifcrettes qui s’empreiTent à le troubler , il en refulte la plus claire , la plus lunùncufe perception qui foit poffible : Nous ne penfons qu’à une feule choie a la fois dans le même temps : une autre idée fuccede à la première , avec une viteffe qu’on ne peut définir , mais qui cependant paroît être différente en divers fujets, La nouvelle idée qui fe préléntc à l’ame , en c’a apperçue , fi elle fuccede , lorfque la première a difparu ; autrement l’ame ne la diftingue point. Toutes nos penfées s’expriment par des M 4