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DE l’Ame. 187

de s’afRirer xics vtrités quelle pourfuit , ou bien de fentir le poids des motifs qui la doivent décider fur le parti qu’elle doit prendre. Il eft inutile d’obferver que cette opération de l’amc dépend aulli entieremeht de la faculté fcnfitive, parce qu’examiner, neft autre chofe que fentir plus exaclement & plus diftinétement , pour découvrir dans les fenfations, les perceptions qui ont pu légèrement glilTer fur l’ame, faute d’y avoir fait aiïez d’attention , toutes les autres fois que nous en avons été afFedés.

§. V r.

Du jugement.

La plupart àç.s hommes jugent de tout, & ce qui revient au même, en jugent mal. Eft-ce faute d’idées fimnles , qui font toutes des notions feules, îfolécs ? Non ; perfonne ne coiifond l’idée du bleu, avec celle du rouge ; mais on fe trompe dans les idées com.pofées , dont l’eflence dépend de l’union de plufieurs idées limples. On n’attend pas à avoir acquis la perception de toutes les notions qui entrent dans deux idées compofées ; il faut pour cela de la patience & de la modeflie ; attributs, qui font Ççop rougir l’orgueil ôc la parelTe de l’homme.