Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

i88 Traité

Mais (i la notion de l’idée A , convient avec celle de l’ide’e B, je juge fouvent qu’A & B font les mêmes, faute de faire attention que la première notion n’efl qu’une partie de l’idée dans laquelle font renfermées d’autres notions , qui répugnent à cette conclulion. La volonté mcme nous trompe beaucoup. Nous avons lié deux idées , par fentiment d’amour , ou de haine ; nous les unifions , quoiqu’elles foient très - diiîcrentes , & nous jugeons des idées propofées , non par elles-mêmes, mais par CCS idées avec lefquelles nous les avons liées , & qui ne font pas des notions componentzs de l’idée qu’il falloir juger, mais des notions tout-àfait étrangères & accidentelles à cette même idée. On excufe l’un , & on cond3.mne l’autre , fuivant le fenciment dont on cft affeélé. On ell encore trompé par ce vice de la volonté 3^ ; de raflbciation èts idées, quand , avant de juger , on fcuhaite que quelqu’idée s’accorde , ou ne s’accorde pas avec une autre ; d’où naît ce goût pour telle fecle , ou pour telle hypothefe , avec lequel on ne viendra jamais à bout de connoître la vérité. Comme le jugement eil la combinaifon r ?es idées , le raifonnement elt la comparaifon des jugemens. Pour qu’il foit jufte, il faut avoir deux idées claires, ou une perception exacle de deux chofes ; il faut auili bien voir la troifiemc idée qu’on leur compare , & que l’év :d :nce nous furce