Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/232

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d.i6 Traité

ver exaflemement à quel degré on doit arrêter, pour ainli dire, le thermomètre du petit jugement des enfans , afin de proportionner à fa fphere , fucceffivenient augmentée, l’étendue desconnoiflancesdontil faut l’embellir & le fortifier ; & de ne faire travail-W fefprit, ni trop , ni trop peu. 3*^. De il tendres cerveaux font comme une cire molle dont les impreilions ne peuvent s’effacer , fans perdre toute îa fubflance qui les a reçues ; delà les idées fauffes , les mots vuides de fens : les préjugés demandent dans la fuite une refonte , dont peu d’efprits font fufceptibles , & qui dans l’âge turbulent des pafiions devient preil]ue impoflible. Ceux qui font chargés d’jnltruire un enfar.t , ne doivent donc jamais lui imprimer que des idées fi évidentes, que rien ne foit capable d’en êclipfer îa clarté. Mais pour cela il faut qu’ils en ayent eux-mêmes de femblables, ce qui eft fort rare. On enfeigne, comme on a été enfeigne , & delà cette infinie propagation d’abus & d’erreurs. La prévention pour les premières idées eft la fource de toutes ces maladies de fefprit. On lésa acquifes machinalement , & fans y prendre garde, en fe familiarifantavec elles on croit que ces notions font nées avec nous. Un célèbre abbé de mes amis , métaphyficien de la première force , croyoit que tous les hommes étoient muficiens nés ; parce qu’il ne fe fouvcnoit pas d’avoir appris les airs avec Icfquels fa nourrie ?