Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/233

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rcndormoit. Tous les hommes font d :^ïs la même erreur ; & comme on leur a donné à tous le§ mJraes idées , s’ils ne parloient tous que françois , ils fcroient de leur langue le même phantôme que de leurs idées. Dans quel chaos , dans quel labyrinthe c’erreus & de préjugés , la mauvaife éducation nous plonge ! Ec qu’on a grand tort de })ermettre aux epfans des raifonnemens fur des chofcs doiit ils n’ont point d’idées , ou dont ils n’ont que des idées confufes !

HISTOIRE V.

D^un enfant trouvé parmi des ours^ j N jeune enf-int , âgé de dix ans, fut trouvé l’an 1694 parmi ua troupeau d’ours dans les forets qui font aux contins de la Lithuanie & de la Ri flie. Il étoit horrible à voir, il n’avoit ni l’ufage de la raifon . ni celui de la parole : fa voix & lui-même n’avoient rien d’humain , ii ce n’eil la figure extérieure du corps. Il marchoit fur les mains & fur les pieds comme les quadrupèdes : féparé des ours il fembloit les regretter ; Tennui & l’inquiétude étoient peints fur fa phyfionomie , lorfqu’il fut dans h fccicté dz^ hommes ; on eût dit un prifonnier, ( & il fe crcyoit tel ) qui ne cherchoit qu’a seiiiyir ,

uf^u’a ce qu’apnt appris à lever fes mains