Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/234

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21 8 Traité

contre un mur , & enfin à fe tenir debout fur fes pieds , comme un en£int , ou un petit chat, & s^étant peu-à-peu accoutumé aux aliments des hommes, il s’apprivoifa enfin après un long efpacede temps , & commença à profe’rer quelques mots d’une voix rauque, ôc telle que je l’ai de’peinte. Lorfqu’on l’interrogeoit fur fon état fauvage , fur le temps que cet état avoit duré, il n’en avoit pas plus de mémoire , que nous n’en avons de ce qui s’cfl palTé, pendant que nous étions au berceau. Conor, (i) qui raconte cette hiftoire arrivée en Pologne , pendant qu’il étoit à Varfcvie à la cour de Jean Sobicski , alors fur le trône , ajoute que le roi même , plufieurs fénateurs , & quantité d’autres habitans du pays dignes de foi , lui afliirerent comme un fait confiant , & dont perfonne ne doute en Pologne , que les enfans fcfnt quelquefois nourris par des ourfes , comme Rémus & Romulus le furent, dit-on, par une louve. Qu’un enfant foit à fa porte , ou proche d’une haie , ou laifTé par imprudence feul dans un champ , tandis qu’un ours affamé pâture dans le voilinage , il eft auifi- tôt dévore & mis en pièces ; mais s’il eft pris par une ourfe qui allaite , elle le porte où font ks petits, auxquels elle ne fert pas plus de mère & de {i) P- I33> 134 > 135- Evang. Med,