Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/271

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DES Systèmes. i-^^

grand étalage , cette multitude confufe d’axiomes , de propofitions générales fyftématiqiiement arrangées , ne font point un fit aflliré pour nous conduire dans le chemin de la vérité. Au contraire , cette méthode fynthétique , comme l’a fort bien fenti M. Clairaut , eft la plus mauvaife qu’il y ait pour inftruire. Je dis même qu’il n’efl : point de cas, ou de circonftances dans la vie, où il ne faille acquérir des idées particulières avant que de les rappeler à des généralités. Si nous n’avions acquis par les fens les idées de tout, & de partie, avec la notion de la différence qu’il y a enti’e l’un & l’autre faurions-nous que le tout eft plus grand que fa partie ? Il en eft ainfi de toutes ces vérités qu’on appelle éternelles , & que dieu même ne peut changer.

°. Locke a été le deftruéteur des idées innées, comme Newton l’a été du fyftême Cartéfien. Mais il a fait, ce me femble, trop d’honneur à cette ancienne chimère , de la réfuter par un fi grand nombre de folides réflexions. Selon ce philofophe & la vérité , rien n’eft plus certain que cet ancien axiome , mal reçu autrefois de Platon , de Timée , de Socrate , & de toute l’académie : Nihilejî in intelbcliL , qiiod prius non fncrit in Jenfu. Les idées .viennent par les fens , les fenfations font l’unique fource de nos covinoifTanccs. Locke explique par çlles toutes les opérations de l’ame.