Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/278

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262 Abrégé

& arbitraires ; & qu’enfin l"a plupart de nos fenfations, OLi de nos idées, dépendent tcllennent de nos organes , qu’elles changes^t fur-le-champ avec eux. îl fufïic de lire Bayle ( didionnaire critique, à l’article de Spïnofa ) pour voir que ce bon homme ( car quoiqiKt athée , il étoit doux & bon ) a tout confondu & tout embrouillé , en attachant de nouvelles idées aux mots xqws. Son athéifme reffemble alTez bien au labyrinthe de Dédale , tant il a de tours & : de détours tortueux. M. l’Abbé de Condillac a eu la patience de les parcourir tous , & leur a fait trop d’honneur. Dans le fyftême de Spinola , qui a été autrefois celui de Xénophancs, de MélilTus, de Parmenide , & : de tant d’autres , adieu la loi naturelle ! nos principes naturels ne font que nos principes accoutumés. Le traduéleur du traité de la vie heureufe de Senequc a poufTé fort loin cette idée, qui ne paroît pas avoir déplu à ce grand génie , Pafcal , lorfqu’il dit : qu’il craint bien que la nature ne foit une première coutume & que la. coutume ne foit une féconde nature. Suivant Spinofa encore, l’homme eft un véritable automate , une machine affujettie à la plus confiante néceîfité , entraînée par un impétueux fatalifme , comme un vaifTeau par le courant des eaux. L’auteur de Xhomme machine fcmble avoir fait fon livre txprès pour défendre cette trifte vérité. Les anciens Hébreux , alchimiftes , & auteurs