Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/40

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24 Discours

à viiide ; il ne fait , comme on dit, que battre k campagne , ou , ce qui revient au même, que rappeler 5 : rem.acher ( s’il les fait ) tous cqs pitoyables arguments de nos écoles & de nos pédants ; tandis que l’habile homme fiiit pas à pas l :i nature , l’obfervation & l’expérience, n’accorde fon fiitirage qu’aux plus grands degrés de probabilité & de vraiiemblance , & ne tire enfin des conféquenccs rigoureufcs & immédiates, dent tout bon efprit eft frappé , que de f.its qui ue font pas moins clairs, que de principes féconds & lumineux. Je conviens qu’on prend de la façon de oenfer , de parler , de gefticuler , de ceux avec qui l’on Vit ; mais cela fe fait peu-à-peu , par imitation machinale, _xomme les cuiiïes fe remuent à la vue & dans le fens de celles de certains pantomimes ; on y eil : préparé par dégrés, & : de plus fortes habitudes furmonrent enfin de plus foibîcs. Mais où trouverons-nous ici cette force d’habitudes nouvelles , capables de vaincre & de déraciner les anciennes ? Le peuple ne vit point avec les philofophes , il ne lit point de livres philofophiqucs. Si par hafard il en tombe un entre fcs mains, ou il n’y comprend rien : ou , si ! y conçoit quelque chofe , il n’en croit pas un mot ; & traitant fans façon de fous les philofophes, comme les poètes , il les trouve également dignes des petites maifbi :s» .