Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/52

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3.6 Discours

niateurs , ou plutôt ne l’a pas été lui-même ? Quel vil gazetitr de - Gottingen , & même de jlkrlin , ne m’a pas déchiré à belles dents ? Dans ’quelle maiibn dévote ai-je été épargné , ou plutôt n’ai-je pas été traité comme un Cartouche ? par qui ? par des gens qui ne m’ont jamais vu ; par des gens irrités de me voir penfer autrement qu’eux, fur-tout deiéfpérés de ma féconde fortune : par de^ gens enfin qui ont cru mon cœur coupable àcs démangeaifons fyilématiques de mon eiprit. De quelle indignité n’eft pas capable l’amourpropre blefle dans {çs préjugés les- plus malfondés , ou dans fa conduite la plus dépravée ! Foible rofeau tranfplanté dans une eau (i trouble , fans cefTe agité par tous les vents contraires ^ comment ai-je pu y prendre une fi ferme & il belle racine ? Par quel bonheur entouré de fi puiiïants ennemis, me suis-je foutenu , & même élevé malgré eux y jufqu au trône d’un roi , dont la feule proteclion déclarée pouvoit enfin diffiper , comme une vapeur maligne , un fi cruel acharnement ?

Ofons le dire , je ne reîTemble en , rien à tous CQS portraits qui courent de moi par le monde , & on auroit même tort d’en juger par mes écrits ; certes ce qu’il y a de plus iniiocent dans ceux d’entr’eux qui le font le plus , l’eil encore moins que moi. Je n’ai ni mauvais cœur , ni mauvaife