Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/61

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Préliminaire. 45

s’évapore tout ce que méconnoît la nature. Dans fes habiles mains, le peloton des chofes les plus embrouillées fe développe & fe dévide en queloue forte , auiri ailëment qu’un grand médecin débrouille & : démafque les maladies les plus compliquées. La rhétorique donne-t-eile aux loix ou aux actions les plus injuftes , un air d’équité & de railbn ? la philofophie n’en eft pas la dupe ; elle a un point fixe pour juger fainement de ce qui eft honnête , ou deshonncte , équitable ou injufle vicieux ou vertueux ; elle découvre l’erreur «Se l’injuflice des loix , & met la veuve avec l’orphelin à l’abri des pièges de cette Sirène , qui prend fans peine , & non fans danger , la rai ion à l’appas d’un difcours brillant & fleuri. Souffle pur de la nature , le poifon le mieux apprêté ne peut vous corrompre.

Mais l’éloquence même, cet art inventé par la. coquetterie de l’eijorit, qui clU la philofophie ce que la plus belle forme ell à la plus précieufe matiere, quand elle doit trouver fa place, qui lui donne ce ton maie , cette force véhémente avec laquelle tonnent les Demofthènes & : les Eourdaloues ?

La philofophie. Sans elle , fans l’ordre 

qu’elle met dans les idées , l’éloquence de Cicéron eût peut-être été vaine ; tous ces beaux plaidoyers qui fiilbient pâlir le crime, triompher la vertu, trembler Yerrès , Catilina , &c. tous ces chefs-