Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/62

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d’œuvres de l’art de parler n’euifent point maîtrifé les efprits de tout un féiiat romain , & ne fuiïent point parvenus jufqu’a nous.

Je fais qu’un feul trait d’éloquence chaude & pathétique , au feul nom de Patrie ou de français bien prononcé , peut exciter les hommes à l’héroïfme , rappeler la vidoire & fixer Tmccrtitude du fort. Mais ces cas font rares, où l’on n’a affaire qu’à l’imagination des hommes , où tout efl perdu, fi on ne la remue fortement ; au lieu que la philofophie qui n’agit que fur la raifon , eii. d’un ulàge journalier , & rend fervice., même lorfqu’on en abufe en l’appliquant à des erreurs reçues. Mais pour revenir , comme je le dois , à un fujet important fur lequel je n’ai fait que gliiïer ; c’eft la raifon éclairée par le flambeau de ia philofophie , qui nous montre ce point fixe dont j’ai parlé ; ce point duquel on peat partir peur connoitre le julte & Tinjude , le bien & le mal moral. Ce qui appartient à la loi , donne le droit ; mais ce droit en foi , n’eft ni droit de raifon , ni droit d’équité ; c’eil un droit de force , qui écrafe fouvent un miferable qui a de fon côté la raifon & la jultice. Ce qui protège le plus foible contre le plus fort , peut donc n’être point équitable ; & par conféquent les loix peuvent fouvent avoir befoin d’être redifiées. Or^, qui les rcclifîera , réformera , pefera,poiir ainfi dire, li ce n’eit la philofophie l