Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/63

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Préliminaire. 47

Comment ? Où ? Si ce n’efl dars la balance de la fagclTe & de h fcciété : car le voila , le point fixe, d’où l’on peut juger du jufte & de l’injurte ; réquité ne fe connoit & ne fe montre que dans ce feul point de vue ; elle ne fe pefe , encore une fois , que dans cette balance , où les loix doivent par conféquent entrer. On peut dire d’elles , & de toutes les adions humaines , que celles-là feules font juftcs , ou équitables , qui favorifent la focie’té ; que celles-là feules font injufles , qui bleffent fes intérêts. Tel eft encore une fois le feul moyen de juger fainement de leur mérite & de Jeur valeur.

En donnant gain de caufe à Puîfendorf fur Grotius , perfonnages célèbres , qui ont marché par des chemins divers dans la même carrière , la philofoj.’hie avoue que, fi l’un s’eil montré meilleur philofophe que l’autre , en reconnoilTant tout aéte humain indiffèrent en foi , il n’a pas plus diredement frappé au but, comme jurifconfulte, ou moralise , en donnant aux loix ce qui eft reverfible à ceux pour lefquels elles font faites. Ofons le dire , ces dçux grands hommes , faute d’idées claires & de notre point fixe , n’ont fait que battre la campagne.

C’eft ainfi que la phiîofcphie nous apprend que ce qui eft abfolument vrai , n’étouffe pas ce qui eft çelativemeût jufte , & que par conféquent elle ne-