Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/69

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Préliminaire. ^3

de freins qui ks retiennent ; que leur bonne foi, leur probité, leur julHce, ne tieririront quà un fi] , une fois degagc’es dçs chaînes de la fuperftition ?

Servez-vous de toute votre force pour conferver 

un aveuglement précieux , fur lequel puilTent leurs yeux ne jamais s’ouvrir : fi le malheur du monde en dépend ! Raffermirez par h force d’arguments captieux leur foi chancelante ; ra alez leur fcible géf.ie par la force du vôtre à la rchgion de leurs pères ; donnez , comme nos facrés Jojfès , un air de vraifemblance aux plu ; répugnantes abfurdites : que le tabernacle s’ouvre ; que les loix de Mojfe s’interprètent, que les myftères fe dévoilent, & qu’enfin tout s’explique. l’autel n’en ell que plus reipeclable , quaàd c’ell un philofophc qui l’encenfe.

Tel eft le fl :uit de l’arbre philofophiquc, fruit : mal -à -propos def^-ndu, iï ce n’ell que j’aime .à croire , & encore plus A voir que la défenîe ici, comme en tant d’autres chofes, excite les efprits généreux à les cueillir, & : à en répandre de toutes parts le délicieux parfum & : l’excellent goût. Je ne prétends pas inlinuer par-là qu’on doive tout mettre en œuvre pour endoclriner le peuple & : Fadmettre aux myiteres de la nature. Je fens trop bien que la tortue ne peut courir , les ani- • maux ramnans voler, ni les aveugles voir. Tout J^ 3