Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

$4 Discours

ce que je defire , c’eft que ceux qui tiennent le timon de l’état , foient un peu philofophes : tout ce que je penfe , c’eft qu’ils ne fauroient letre trop.

En effet, j’en ai déjà fait fentir favantage par les plus grands exemples : plus les princes ou leurs miniflres feront pliilofophcs , plus ils feront à portée de fentir la différence elTeiitielle qui fe a’ouve entre leurs caprices , leur tyrannie , leurs loix, leur religion , h vérité, féquitc , la juftice ; & par conféquent plus ils feront en état de fervir l’humanité & de mériter de leurs fujets , plus aufîi ils feront à portée de conncitre que la phiîofophie , loin d’être dangereufe , ne peur qu’être utile & falutaire ; plus ils permettront volontiers aux favants de répandre leurs lumières à pleines mains ; plus ils comprendront enfin , qu’aigles de l’cfpece humaine, faits pour s’élever, fi ceux-ci combattent phiîofophiquefhent les préjugés àes uns, c’eft pour que ceux qui feront capables de faiiir leur doélrine, s’en fervent , & les falTent valoir au profit de la foeiété , înrfqu’ils les croiront néceîTaires, Pleins d’un refpecb unique & fans bornes pour cette reine du fage , nous la croirons donc bienfaifante, douce, incapable de traîner à fa fuite auoun inconvénient fâcheux : fimplcs , comme la véricc qu’elle annonce , nous croirons que les