Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/73

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Préliminaire. ^7

le font toutes, peut bien dire qu’il a reçu fon efpric en ftupide inftind , 6 : fon ame en fordide intérêt. Qu’il s’en vante au rcite , ii bon lui femble ; pour moi , difciplc de la nature , ami de la feule vérité, dont le feul, fantôme me fait plus de plailir , que toutes les erreurs qui mènent à la fortune : moi qui ai mieux aimé me perdre au grand jour par mon peu de génie , que de me fauver, & même de m’enrichir dans l’obfcurité par la prudence ; philofophç généreux , je ne refuferai point mon hommage aux charmes qui m’ont feduit. Pius la mer efl couverte d’écucils & fameufe en naufrages, plus je penferai qu’il eft beau d’y chercher rimmortalité au travers de tant de périls : oui, j’ofcrai dire librement ce que je penfe ; & à Texeniple de Montagnp, paroiîTant aux yeux de l’univers, comme devant moi-même, les vrais juges des chofes me trouveront plus innocent que coupable dans mes opinions ]c<i plus hardies , & peut-être vertueux dans la confelîion même de mes vices. Soyons donc libres dans nos écrits, comme dans nos aélions ; montrons -y la fiere indépendance d’un républicain. Un écrivain timide & circonfpecl, ne fervant ni les fciences , ni l’efprit humain , ni fa patrie, fe met lui-même des entraves qui l’empêchent de s’élever ; c’efi : un coureur dont les fculiers ont une femelle de plomb, ou