Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/74

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S^ Discours

un nageur qui met àts vtffies pleines d’eau fous ks aifTcIles. II faut qu’un philofophe écrive avec une noble hardieffe , ou qu’il s’attende à ramper comme ceux qui ne le font pas.

O vous ! qui êtes û prudents , fi réfervés , qui iifcz de tant de rufes & de Itratagemes , qui vous mafquez de tant de voiles & avec tant dadrefle, que les hommes fimples , perfiflés , ne peuvent vous deviner , qui vous retient ? Je le vois , vous fentez que parmi tant de feigueurs qui fe diicnt vos amis, (i) avec qui vous vivez dans la plus grande familiarité , il ne s’en trouvera pas un feul qui ne vous abandonne dans la difgrace ; non , pas un feul qui ait la générofité de redemander à fon roi le rappel d’un hcnime de génie : vous craignez le fort de ce jeune & célèbre favant, à qui un aveugle a fuffi peur éclairer l’univers , & conduire fon aucenr à Vincennes : ou de ctt autre (ToufTaint) moins grand génie, que des mœurs pures, toujours ellimabîes , quoique queiquefoi : bifarres , trouvées indifcrcttemcnt fur les traces m.i paganiTme , ont relégué, dit-on , à cette autr^ lifreufe inquiiition ( la Bailille ). Quoi donc î de tels écrits ( I ) Donec eris fdix , muJtos numerahis ainicos ; Tcmpora fi fucrint nubila , [olus eris.