Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/75

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Préliminaire. ^9

n excitent point en vous cutce élévation , cette grandeur dame , qui ne connoic point de danger ? A la vue de tant de be.iux ouvrages , êtes-vous fans courage, fans amour - propre ? A la vue de tant dame, ne vous en fentez-vous point ? Je ne dis pas que la liberté de lefprit foit prt’férab-e à celle du corps ; mais quel homme,. vraiment homme , tant foit peu fenfible à la belle gloire , ne voudroit pas à pareil prix être quelque temps privé de ia dernière ?

Rougiflez , tyrans d’une raifon fublime ; femblabies h des polypes coupées en une infinité’ de morceaux , les écrits qne vqus condamnez au feu fortent , pour ainfi dire , de leurs cendres-, multipliés à l’infini. Ces hommes que vous exilez, que vous forcez de quitter leur patrie ( | ofe le dire , fans craindre qu’on me foupçonne d’aucune application vaine, ni de vifs regrets), ces hommes que vous enfermez dans des prifoiis cruelles , écoutez ce qu’en penfent les efprits les plus fages & les plus éclairés ! Ou plutôt , tandis que leilr pcrfonne gémit em.prifonnée , voyez la gloire porter en triom.nhe leurs noms jufuu’aux cieux ! nouveaux Auguftes , ne le fpyez pas en tout ; épargnez- vous la honte des crimes littéraires ; un feul peut flétrir tous vos lauriers ; ne punifilz pas les lettres & les arts de l’imprudence de ceux qui les cultivent le