Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/78

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6z Discours

& trop honoré à^ ce petit nombre de Icéleiil’S dont parle Horace, & quanefprit folide préférera toujours au reile du monde entier , j’ai tout facrifié au brillant fpedre qui m’a féduir. Et certes, s’il efl : dans mes écrits quelques beautés neuves & hardies , un certain feu, quelque cdncclîe de ge’nie cnHn , je dois tout à ce coura ;jc phtlofophique , qui m’a fait concevoir la plus haute oc la plus téméraire entreprife.

Mon naufrage, & tous les malheurs qui l’ont fuivi, font au relie faciles a oublier dans un port auîïï glorieux & auffi digne d’un philofophe : j’y bois à longs traits l’oubli de tous les dangers que j’ai courus. Eh ! le moyen de fe repentir d’une auffi heureufe faute que la mienne !

Mais quelle plus belle invitation aux amateurs de la vérité ! On peut ici, apôtre de la feule nature/ braver les préjujgés & tous les ennemis de la faine philofophie, comme on fe rit du courroux des fiots dans une rade tranquille. Je n’entends plus •Tronder les miens que de loin , & comme une tempête qui bat le vailTcau dont je me fuis fauve. Quel plailir de n’avoir à faire fa cour qu’à cette reine immortelle ! Qnelle honte, qu’on ne puiiïe ailleurs librement faire voile fur une mer qui conduit à l’acquifition de tant de richefles , & comme au Pérou des fciences î Beaux cfprits , favants ,