Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/83

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l’autre forment deux idées intellecluelles, auſſi différentes que l’actif & le paſſif. Si donc il eſt dans les corps un principe moteur, & qu’il ſoit prouvé que ce même principe qui fait battre le cœur, faſſe auſſi ſentir les nerfs & penſer le cerveau, ne s’enſuivra-t-il pas clairement que c’eſt à ce principe qu’on donne le nom d’ame. Il eſt démontré que le corps humain n’eſt dans ſa première origine qu’un ver, dont toutes les métamorphoſes n’ont rien de plus ſurprenant que celles de tout inſecte. Pourquoi ne ſeroit-il pas permis de rechercher la nature, ou les propriétés du principe inconnu, mais évidemment ſenſible & actif, qui fait ramper ce ver avec orgueil ſur la ſurface de la terre ? La vérité n’eſt-elle donc pas plus faite pour l’homme, que le bonheur auquel il aſpire ? Ou n’en ſerions-nous ſi avides, & pour ainſi dire ſi amoureux, que pour n’embraſſer qu’une nue, au lieu de la deeſſe, comme les poètes l’ont feint d’Ixion.