Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/100

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je ne fais quel ressort sentant qu’on met dans la fubftance, qui elle-même le compofe , fe fouvient d’une voix qu’on n’a entendue qu’une feule fois, il y a vingt ans ! Enfin qu’on réponde à S. Augustin, (j’ai droit de l’exiger) lorfqu’il objeâe avec Trallcs & autres , plus folidement peut-être que ceux qui ont lu Locke & Condillac ne fe l’imaginent : « Par quel fens des idées toutes fpirituellcs , celle de la penfée , par exemple, & celle de l’être , feroient-elles entrées dans l’entendement ? Sont-elles lumineufes ou colorées , pour être entrées par la vue ? D’un fon grave ou aigu, pour être entrées par l’ouïe ? D’une bonne ou mauvaise odeur , pour être entrées par l’odorat ? D’un bon ou d’un mauvais goût, pour être entrées par le goût ? Froides ou chaudes , pour être entrées par l’attouchement ? Que fi on ne peut rien répondre qui ne foit déraifonnable t il faut avouer que toutes nos idées spirituelles ne tirent en aucune forte leur origine des fens ; mais que notre ame a la faculté de les former de foi-même ».

Demandons moins : qu’on nous dife feulement quelle eftla couleur ou l’image d’un fon ? quelle eft cette peinture , qui de la rétine, se propage au cerveau ; quelle eft enfin cette trace des efprits animaux, par laquelle tout s’explique fi commodément ? Et fi on ne peut fatisfeire une jufte cu-