Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/107

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en chemin la matière, ou le mouvement qui alloit fiire fentir le cerveau , & l’ame dans ce vifcere , eomme la prefiion arrête ou étouffe le fon , au lieu même où elle fe fait , d’autant plus qu’elle cft plus forte.

Mais voyez, je vous prie, combien dangereufes font les conféquences de telles hypothefes ! Elles ne vont rien moins qu’à prouver, i°. que les impreflions des corps vont , malgré Tralles , frapper le cerveau dans la fanté , puifqu’il n’y a que les maladies , ou les obttacles qu’elles font intervenir au commerce interrompu des deux fubftanccs , qui puifTent s’oppofer a [cette propagation. i°. Les mêmes conclufions , fi elles n’étoient pas forcées , fembleroient donner gain de caufe au pitoyable auteur de t homme machine , en faifant du cerveau une efpece de nape blanche , tendue exprès audedans du crâne pour recevoir l’image des objets , du fond de l’œil, comme la ferviette appliquée au mur la reçoit , du fond de la lanterne magique. Or cela ne crie-t-il pas vengeance , de rappeler aulfi hardiment le fyftéme d’Epicure dans un temps aufii éclairé par la religion que le nôtre ? fyftéme , qui dans celui de Cicéron * brillant philo fophe , étoit déjà fort décrié & tourné en ridicule.

Ce n’eft pas tout ; bien d’autres calamités coulent de la même fource empoifonnée. Le/enforium eft dans le cerveau , & l’ame dans ce fenforium,