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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/134

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de leur fouveraioe , lorfquc les chemins de eonw munication font rompus ? Si vous exigez de mon ame qu elle levé mon bras , lorfque le Deltoïde ne reçoit plus le fang artériel ou le fuc nerveux, exigez donc auili quelle fàffe marcher droit ua boiteux.

Quoique les organes Tes plus fournis à la volonté, lui deviennent néceflairement rebelles , quand les conditions de l’obéiflance viennent a manquer , l’àme saccoutume cependant peu-à-peu à cette réfïftance & à cette immobilité des parties ; & (î elle eft fage , elle fe confole aifément de la perte d’un feeptre qu’elle n*avoit que conditionnellement.

Rien ne relève, tant la dignité & la noblcfle de l’ame^ que de voir fa force & fa puiflance dans un corps impuifiant & perclus. La volonté , la préfence d’efprit , le sang-froid , la liberté même ne fe foutiennent & ne brillent-elles pas, avec plus ou moins d éclat, an travers de tous ces nuages que forment les maladies , les paffions ou l’adversité ? Quelle gaieté dans Scarron ! Quel courage dans ces âmes fublimes, dont la force , loin de s’énerver, redouble par les obftacles ! Au lieu, de fuccomber au chagrin qui tue les autres, chez elles la raifon a bientôt fait 1 ouvrage du temps.

Si la volonté eft cfclave, c’eft moins du corps que de la raifon ; mais elle ne fubitee joug que