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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/135

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pour Faire honneur à notre hiftoire & relever la grandeur & la majefté de l’homme.

La volonté qui commande à tant d organes, eft en effet quelquefois foumife elle-même à la raïfon, qui lui fait haïr , en merc sage , ce qu elle defireroit en fille indiferetc.

Quoi de plus beau , que de voir cette puiffante maîtrefie, qui fcmble tenir l’homme & tous les animaux par la bride , en reconnbître une à fo» tour , plus defpotiquc encore & bien plus fage ; car c^ft elle qui, comme un autre Mentor, lui montre le précipice à côté des fleurs ; les regrets & les remords à la fuite de la volupté , & lui fait fentir comme d’un feul regard tout le danger, le vice ou le crime qu’il y a de vouloir ce qu’on ne peutt s’empêcher d’aimer.

Ô animaux ! quoique je fois ici votre apologifte , que je vous trouve inférieurs & fubordonnés à refpece humaine ! Soumis à une fatalité ftoïque , votre inftinft n’a point été redrefTé , comme le notre, changé en raifon , comme une terre s’améliore , à force de culture. Vous voulez toujours ce qu une fois vous avez voulu. Fidèles & conftans , vous avez toujours pofé les mêmes circonftances , les mêmes goûts pour les objets qui vous plaifent. Ceft qu’un vil plaifir détermine tous vos fentimens, votre ame n’ayant point été élevée à la connoiflànce de ces heureux principes, qui font rougis