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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/139

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les chofes, que d’en rien rabattre. Je fais que Willis , qui les a fi adroitement fabriquées ou mifes en œuvre, s’eft très-bien paffé dans la dernière , (de la plus belle trempe cependant ) pour expliquer non-feulement toutes les opérations animales , mais la génération même de nos idées. La raifon en eft que ces deux âmes, fi diftin&es de nom ’, n’en conftituent qu’une feule en effet , de manière qu’il n’eft pas furprenant qu’elles fe reffemblent plus parfaitement que les deux Sofies de Molière ou les Menechmcs de Regnard.

Mais ici tout eft plein de prodiges ; on ne peut s’empêcher d’admirer, de quelque côté qu’on regarde. Quoique l’ame fenfitive & l’ame raifonnable ne fassent qu’une feule & même fubftance plus ou moins éclairée , plus ou moins intelligente félon les corps quelle habite, cependant la fenfation qui appartient à la première, & la raifon qui eft le fruit de la féconde , font , à ce que dit Tralles, abfolument différentes l’une de l’autre. Rifum teneatis , amici.

Prouvons plus que jamais que lame des animaux eft éloignée de celle de l’homme toto cœlo. L’une ne femble occupée que de ce qui peut nourrir fon corps, l’autre peut s’élever au fublime du ftyle & des mœurs. Celle-là brille à peine comme l’anneau de Saturne , ou comme des étoiles de la dernière grandeur : celle-ci eft un vrai foleil, éclairant