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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/140

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150 Les Animaux

l’univers , (ans fe confirmer ; foleil de juftice & d’équité , dont la vérité & h vertu font 1 éternel aliment* Lame humaine fe montre parmi les animales, comme on chêne parmi de foibles arbriffeaux, ou plutôt comme un homme qui penfe, toujours neuf, toujours créateur, parmi ces gens à mémoire , vils copiftes , éternels échos du Parnaffe , qui n’ont plus rien à dire , quand ils ont raconté tout ce qu’ils ont lu ou vu : ou parmi ces pédans , dont la fade & ftérile érudition fe perd dans un fumier de citations.

Quelle raerveillcufe docilité n avons-nous pas ? Quelle étonnante aptitude aux feiences ! Il ne nous faut pas plus de dix ou douze ans, pour apprendre à lire & à écrire ; & dix ans encore fuffifent an développement de la raifon. Il n’y a que le dépouillement des préjugés de l’enfance qui trouve ordinairement trop court le refte de la vie. Quelle différence de l’homme aux animaux ! Leur inftinâ eft trop précoce , c’eft un fruit qui ne peut jamais mûrir ; ils ont en venant au monde prefque tout l’efprit qu’ils ont dans la force de l’âge : enfin ils n’ont point les organes de la parole : & quand ils les auroient, quel parti pourroient-ils en tirer , puifque les plus fpirituels & les mieux élevés d’entre eux , ne prononcent que des fons qu’ils ne comprennent en aucune manière, & parlent toujours, comme nous parlons fouvent,