Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/15

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V.

Les phyſiciens regardent l’air comme le chaos univerſel de tous les corps. On peut dire qu’il n’eſt preſque qu’une eau fine, dans laquelle ils nagent, tant qu’ils ſont plus légers qu’elle. Lorſque le ſoutien de cette eau, ce reſſort inconnu par lequel nous vivons, & qui conſtitue, ou eſt lui-même l’air proprement dit, lors, dis-je, que ce reſſort n’a plus la force de porter les graines diſperſées dans toute l’athmoſphere, elles tombent ſur la terre par leur propre poids ; ou elles ſont jetées çà & là par les vents ſur ſa ſurface. Delà toutes ces productions végétales, qui couvrent ſouvent tout-à-coup les foſſés, les murailles, les marais, les eaux croupies, qui étoient, il y a peu de temps, ſans herbe & ſans verdure.

VI.

Que de chenilles & autres inſectes viennent auſſi quelquefois manger les arbres en fleur, & fondre ſur nos jardins ! D’où viennent-ils, ſi ce n’eſt de l’air ?

VII.

Il y a donc dans l’air des graines ou ſemences, tant animales, que végétales ; il y en a eu, & il