Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un grand roi lit de mauvais vers faits à ſon éloge.

Qu’il me ſoit permis de tracer un petit tableau des vertus de la ſociété. Chacun a les ſiennes. Le médecin, par ſon art de conſerver les hommes, fait plus que s’il les créoit de nouveau. Le pere de famille éleve des enfans tendres & reconnoiſſans ; il leur donne une ſeconde vie, plus précieuſe que la premiere. L’époux, plein d’attentions & d’égards, ſe reſpecte dans la compagne, & tâche de lui faire une chaîne de fleurs. L’amant ne peut jamais trop ſentir ce que fait pour lui une maîtreſſe qui ne lui doit rien, & lui ſacrifie tout Le véritable ami, complaiſant fans baſſeſſe, vrai ſans dureté, prudent, diſcret, obligeant, défend ſon ami, lui donne de bons conſeils, & n’en reçoit point d’autres.

Il eſt des vertus de tous les états. Le citoyen fidele & zélé fait des vœux pour ſa patrie & pour ſon prince. L’officier brave & éclairé conduit le ſoldat intrépide & feroce. Le moraliſte cenſé fournit de bons préceptes puiſés dans la nature. L’hiſtorien nous offre les plus grands exemples de l’antiquité la plus reculée. La volupté, ce charme de la vie, coule des plumes qu’elle anime. Le comique répand le ſel avec la joie : l’un excite l’eſprit, qu’il pique avec plaiſir ; l’autre eſt le bien des cœurs qu’il dilate. Enfin le tragique, le roman-