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sur le Bonheur.

cier, &c. font naître ces ſentimens de tendreſſe & de grandeur, que le poëte tranſporté élevé juſqu’à l’enthouſiaſme.

Sentir le mérite, en eſt un : le récompenſer eſt divin.

Rois, imitez le Salomon du nord. Soyez les héros de l’humanité, comme vous en êtes les chefs. Deſcendre à la qualité de Mécènes, c’eſt s’élever. Le courage des âmes eſt autant au-deſſus de celui des corps, que la guerre des ſciences eſt au-deſſus de celle des armes. Soutenez ce courage qui fait la gloire d’un état : l’autre n’en fait que la ſûreté. La protection fait ſur le génie, ce que le ſoleil fait ſur la roſe, qu’il épanouit.

Vous, philoſophes, ſecondez-moi ; oſez dire la vérité, & que l’enfance ne ſoit pas l’âge éternel de l’homme. Ne craignons point la haine des hommes, ne craignons que de la mériter. Voilà notre vertu. Tout ce qui eſt utile à la ſociété, en eſt une, le reſte eſt ſon phantôme. V. l’eſſai ſur le mérite & la vertu, de Mr. D.

Où en ſommes-nous, s’écrient les théologiens, s’il n’y a en foi ni vices, ni vertus, ni bien, ni mal moral, ni juſte, ni injuſte ? Si tout eſt arbitraire, & fait de main d’hommes, pourquoi ces remords, dont on eſt déchiré à la ſuite d’une mauvaiſe action ? Otera-t-on la ſeule vertu qui