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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/217

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cence. Je ne mépriſerois point les richeſſes, je ſaurois les dépenſer & les diſtribuer. Je regarde l’avarice, comme la ſource de cous les vices. Et ſans généroſité, eſt-il quelque vertu ?

Ma félicité n’eſt point d’avoir des chevaux, des couriers, des chiens, & tout cet amas de laquais preſſés, dont le poids ſemble menacer d’enfoncer le derriere d’un carroſſe. Tant d’animaux domeſtiques ne me ſont point néceſſaires. Je ne me crois point décoré d’avoir à ma porte un ſuiſſe menteur, qui refuſe l’entrée à des créanciers, qu’un honnête homme ne doit point craindre, parce qu’il ne les a faits que pour les payer. Paſſe encore, ſi ſa hallebarde & ſa mouſtache, faiſant peur à qui la fait à tous les autres, pouvoit empêcher la mort d’entrer ! mais non ; Horace l’a dit en latin, & Malherbe en françois :

Le pauvre en ſa cabane, où le chaume le couvre,
eſt ſujet à ſes loix ;
Et la garde qui veille aux barrieres du Louvre,
N’en défend pas nos rois.

Loin d’ici tout ſuperflu. Le ſage ne le connoît, que pour le mépriſer. O ! malheureux cent fois qui ajoute aux besoins de la nature, qui ſont déjà en trop grand nombre ; ceux que le faſte ou la vanité lui fait ! pour être heureux, ſi ce n’eſt point