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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/51

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dire, nous quitter. Regrets raiſonnables, je vous adoucirai encore, en jettant des fleurs ſur mes derniers pas, & preſque sur mon tombeau ! Ces fleurs ſeront la gaieté, le ſouvenir de mes plaiſirs, ceux des jeunes gens qui me rappelleront les miens, la converſation des personnes aimables, la vue de jolies femmes, dont je veux mourir entouré, pour sortir de ce monde, comme d’un ſpectacle enchanteur ; enfin cette douce amitié, qui ne fait pas tout-à-fait oublier le tendre amour. Délicieuse réminiſcence, lectures agréables, vers charmans, philoſophes, goût des arts, aimables amis, vous qui faites parler à la raiſon même le langage de ces grâces, ne me quittez jamais !

LXXXI.

Jouiſſons du préſent ; nous ne ſommes que ce qu’il eſt. Morts d’autant d’années que nous en avons, l’avenir qui n’eſt point encore, n’eſt pas plus en notre pouvoir, que le paſſé qui n’eſt plus. Si nous ne profitons pas des plaiſirs qui ſe préſentent, ſi nous fuyons ceux qui ſemblent aujourd’hui nous chercher, un jour viendra que nous les chercherons en vain ; ils nous fuiront bien plus à leur tour.

LXXXII.

Différer de ſe réjouir juſqu’à l’hiver de ſes ans,