Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/80

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précipiter au bas, & ne mépriſons point des êtres qui ont la même origine que nous. Ils ne ſont à la vérité qu’au ſecond rang, mais ils y ſont plus ſtables & plus fermes.

Deſcendons de l’homme le plus ſpirituel, au plus vil des végétaux, & même des foſſiles : remontons du dernier de ces corps au premier des génies, embraſſant ainſi tout le cercle des regnes, nous admirerons par-tout cette uniforme variété de la nature. L’eſprit finit-il ici ? Là on le voit prêt à s’éteindre, c’eſt un feu qui manque d’alimens : ailleurs il ſe rallume, il brille chez nous, il eſt le guide des animaux.

Il y auroit à placer ici un curieux morceau d’hiſtoire naturelle, pour démontrer que l’intelligence a été donnée à tous les animaux en raiſon de leurs beſoins : mais à quoi bon tant d’exemples & de faits ? Ils nous ſurchargeroient ſans augmenter nos lumieres, & ces faits d’ailleurs ſe trouvent dans les livres de ces obſervateurs infatigables, que j’oſe appeler les plus ſouvent les manœuvres des philoſophes.

S’amuſe qui voudra à nous ennuyer de toutes les merveilles de la nature : que l’un paſſe ſa vie à obſerver les inſectes ; l’autre à compter les petites oſſelets de la membrane de l’ouïe de certains poiſſons ; à meſurer même, ſi l’on veut, à quelle diſtance