Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/90

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lancent ces téméraires retombent fur eux, Se n’atteignent point cette fublime fubftance*

Je fais que la figure des animaux n’est pas toutà-fait humaine mais ne faut-il pas être borné , bien peuple f bien peu philofophe , pour déférer ainfi aux apparences, & ne juger de 1 arbre que fur fon écorce ? Que fait la forme plus ou moins belle, oii fe trouvent les même traits fenfiblement gravés de la même main ? L’anatomie comparée nous offre les mêmes parties , les mêmes fondions ; Ceft partout le même jeu , le même fpeâacle. Les fens internes ne manquent pas plus aux animaux, que les externes* par conféquent, ils font doués comme nous de toutes les facultés fpirituelles qui en dépendent , je veux dire de la perception, delà mémoire, de l’imagination , du jugement , du raifonnement ; toutes chofes que Boerhaave a prouvé appartenir à ces fens. D’où il s’enfuit que nous favons par théorie, comme par la pratique de leurs opérations , que les animaux ont une ame produite par les mêmes combinaifons que la nôtre : & cependant, comme on le verra dans la fuite , tout-à-fait diftin&e de la matière. Rien de plus vrai que ce paradoxe.

Laissons-là des confidérations triviales. Les rêves des animaux, à haute & à balle voix, comme les nôtres ; leur réveil en furfaut /leur mémoire , qui les fert fi bien ; ces craintes , ces inquiétudes, leur air embarrafTé en tant doccafions ; leur joie, à la