Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/93

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monfcigncur de Voltaire, mefurent communément l’ouvrage à la toife.

Raflurez-vous cependant , je ne ferai point uu volume pour prouver ma thefe. Je me contenterai de faire voir que c eft l’âme & non le corps, qui voit, entend , veut, fent ; & qu’enfin tout ce que certains attribuent au mécanifme des corps animés, dans leur fyftéme Epicuro-Cartéfien retourné & mal coufu , ne dépend abfolument que de l’ame , & que tout s’opère par la puiffance de cet être immortel.

Telle eft la carrière que j’ai à parcourir ; je n’y ai encore jeté que le premier coup-d’œil. Commençons par prouver que c’eft Famé qui voit , & comment.

Vous croyez (ans doute avec tous les phyficiehs & métaphyficiens , que l’ame ne pourrait voir fans la propagation de l’image tracée fur la rétine , ou du moins (ans quelque impreflion de cette image qui produife une fentation dans le cerveau. Vous êtes dans Terreur. Cela pouvoît bien être autrefois ; mais depuis le grand théoricien Tralles , on peut dire de la vue, ce que Molière fait dire du foie à un de fes perfonnages : « les chofes ont bien change ».

Pour que l’ame voie , il n’eft pas néceflTaire que les images paflènt jufqu’au cerveau, il fuffit que les objets s’y repréfentent , ou plutôt y foient apperçus ;