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DE LA VERTU DES PAYENS.


haute eſtime, qui nient que Dieu, le plus libre de tous les Agens, ſe ſoit tellement attaché aux Sacremens, pour uſer de leurs propres termes, qu’il ne puiſſe, quand il lui plaît, contre l’ordre ordinaire & par une aſſiſtance ſurnaturelle, ſauver des hommes tels que celui dont nous parlons, ſans les Sacremens. Et il eſt très probable que ſi Saint Thomas eût eu de ſon tems la connoiſſance, qui nous eſt venuë depuis d’un Monde nouveau, & de tantde païs Antipodes & autres, où jamais l’Evangile n’avoit pénétré, & où il eſt encore du tout inconnu, il n’eût pas fait difficulté d’accorder, que depuis même l’Incarnation de Ieſus Chriſt, la Foi obſcure & implicite pouvoit quelquefois, accompagnée d’une grace speciale, ſauver ceux, à qui il était impoſſible d’avoir la Foi explicite ou dévelopée. Cela ſe recueille manifeſtement de ce qu’ils croioit, comme nous avons vû, que l’Evangile eût été prêché par toute la terre dès le tems des Apôtres, ſi non pleinement, pour le moins en ce qui touche la perſonne du Médiateur ; ce que toutes les Hiſtoires des Indes nous aſſurent aujourd’hui n’être pas vrai.

Observations sur les états en général

Après avoir examiné ce qui ſe dit des Païens vertueux —dans l’Ecole, ſelon qu’ils ſe