Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
PREMIERE PARTIE


Je veux croire que les genoux en terre, & les bras croiſés vers le Ciel, il uſe de cette priere dans une extrême repentance de ce qu’il peut avoir F|it de mal. Mon Dieu, qui connoiſſés le plus ſecret de mon ame, j’implore vôtre miſericorde, & je vous ſupplie de me conduire à la fin pour laquelle vous m’avés créé. Si j’avois aſſez de lumière pour m’y porter de moi même, il n’y a rien que je ne vouluſſe faire pour y arriver, & pour me rendre agréable à vôtre divine Majeſté que je révère avec la plus profonde humilité que je puis. Excuſés mon ignorance, & me faites connoitre vos ſaintes volontés, afin que je les ſuive de toute la force, que vous m’avés donnée, déſirant plutôt mourir, que de faire jamais aucune action qui vous puiſſe déplaire. S’il arrive qu’immédiatement après cet acte de contrition, capable ſelon Tortat, d’effacer toute ſorte d’idolâtrie & de crimes, ce pauvre Gentil vienne à mourir, ſoit par quelque çauſe interne de maladie ſubite ou par un accident inopiné du dehors, comme de la chûte d’un arbre, ou d’une maiſon voiſine, le jugerons-nous danné ? Et pourrons-nous bien penſer, que Dieu n’ait pas eu agréable une ſi ſainte repentance ? Ce n’en pas l’opinion de beaucoup de Docteurs de la plus


F v