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PREMIERE PARTIE


ſont trouvés dans l’un des trois Etats de la Nature humaine, il me reſte, avant que de terminer cette premiere Partie, de faire quelques obſervations générales, qui ſe doivent appliquer à tous ces trois tems, & qui donneront beaucoup d’éclairciſſement à nôtre ſujet.

Premièrement, il faut bien prendre garde que l’affection, que nous pouvons avoir pour quelques Gentils, à cauſe des vertus eminentes, qui nous les recommandent, ne nous faſſe tomber dans une erreur voiſine de celle des Gnoſtiques, que Saint Irenée taxe d’avoir mis en même rang la figure de nôtre Seigneur, & celles de Pythagore, de Platon & d’Ariſtote[1]. Saint Auguſtin dit[2], que cette Marcelline Carpocratienne encenſoit les images du fils de Dieu, & de Saint Paul, d’une pareille dévotion que celles d’Homère & de Pythagore. Et l’on a écrit de l’Empereur Alexandre Severe[3], qu’il avoit dans ſon Cabinet les ſtatuës d’Apollonius & d’Orphée, qu’il reveroit comme celles d’Abraham & de Ieſus Chriſt. Ceux, qui mettroient en parallèle les plus illuſtres d’entre les Ethniques avec nos grands Saints Confeſſeurs, Martyrs, & autre, dont l’Egliſe célèbre la mémoire, ne s’éloigneroient guères de cette impiété. Et je trouve qu’on n’a pas reproché à Zwin-

  1. Ale. hæc. lib. c. 24.
  2. Lib. de Hæreſ.
  3. Alius Lampridius in civa cita.