Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
DE LA VERTU DES PAYENS.


gle ſans beaucoup de raiſon d’avoir confondu d’un ſtyle profane les vertus Chrétiennes avec les profane s comme ſi l’on n’y devoit mettre aucune différence. C’eſt dans ſon expoſition de la Foi adreſſée à Roi François Premier, où il lui promet, qu’il pourra voir en Paradis Hercule, Theſée, Antigone, Numa, Ariſtide, les Catons, & beaucoup d’autres ſemblables, mêlés avec les Patriarches, la Vierge, Sain Jean, & les Apôtres, parlant ainſi ſans reſpect de ce qu’il y a de plus ſacré dans le Ciel.

Il faut auſſi remarquer, qu’autrefois Pelagius aiant ſoutenu, que ſans la Foi du Médiateur, & ſans l’aide de la grace ſurnaturelle, les Païens vertueux avoient été ſanctifiés par les ſeules forces de leur franc-arbitre, qui s’étoit porté au bien ; il fût pour cela condanné d’héreſie par deux Conciles[1], l’un tenu dans la ville de Milevis en Afrique, l’autre dans celle d’Orange de nôtre Gaule Narbonnoiſe. La doctrine de l’Egliſe, dont il n’en pas permis dé ſe ſeparer, porte que ces forces de nôtre libre arbitre ne ſont pas celles, que nous puiſſions toûjours être abſolument vertueux, & accomplir de nous même ſans jamais faillir tous les Commandemens de Dieu, étant beſoin pour cela que nous ſoions

  1. Can. 4 & 5. Can. 6-7. Cant. A rauſ. II.