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PREMIERE PARTIE


aidés de ſa Grace, & que la foibleſſe de nôtre nature ſoit appuiée de ſon ſecours ; ce que le Concile de Trente a fort préciſément déterminé[1]. C’eſt pourquoi l’erreur de Zwingle, outre ſa profanation, n’a pas été d’avoir ſimplement ouvert le Paradis à ces Gentils qu’il eſtimoit fort vertueux ; mais elle a été d’avoir donné dans le Pelagianiſme, & d’avoir voulu les ſauver ſans la grace ſurnaturelle, & en vertu de l’obſervation ſimple de la Loi de Nature ; ce qui paroit contraire à la doctrine des Pères, & aux definitions de l’Egliſe.

Je ſerai bien aiſe encore qu’on conſidére, qu’à l’égard du thème que nous avons pris, il n’eſt pas entièrement néceſſaire de ſavoir, ſi les Païens ſe ſont ſauves avec le ſecours ordinaire ou extraordinaire de la Grâce. C’eſt une queſtion à part ſur laquelle on s’exerce tous les jours dans l’Ecole. Et il me ſuffit pour le préſent d’être aſſuré, qu’il n’eſt pas impoſſible, que quelques-uns d’entre eux, qui ont moralement bien vécu, aient eu place après leur mort parmi les Bienheureux. D’où il s’enſuit, qu’il y a de la témérité, auſſi bien que de l’inhumanité, à les vouloir condanner tous aux peines éternelles de l’autre vie, ſans miſericorde & ſans reſerve, com-

  1. 2. primus Can.