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PREMIERE PARTIE


legue ſur cela, & il a été ſuivi de quelques autres qui maintiennent qu’aucun Infidele ne doit être appellé vertueux, parce que ſon infidelité l’empêche de pouvoir produire des actions moralement bonnes & vertueuses. Ainſi tant de grands hommes Grecs, Romains, & autres, qui ont été recommandés de Prudence, de Juſtice, de Force, ou de Temperance, n’ont jamais poſſedé les vertus qui leur ſont données. Et tous ces glorieux attributs, qu’on joint aux beaux noms de Caton, & de Socrate, de César, & d’Alexandre, n’ont été que de faux titres qu’ils ne pouvoient mériter, puisque, comme Païens & Infideles, il étoit impoſſible qu’ils fuſſent vertueux.

Je ne prétens pas m’engager dans tant de questions & de disputes la plupart inutiles, vû que chacune seroit capable de m’arrêter toute ſeule fort longtems. Il me suffira de remarquer à l'égard de la derniere, que comme Gregoire de Rimini confeſſe qu'il soûtenoit, il y a trois cens ans, une opinion contraire à la commune de l’Ecole[1], elle n’a pas aujourd’hui un plus grand nombre de sectateurs, & qu’apres St. Thomas, la meilleure partie des Docteurs n’exclud pas les Infideles de la pratique de beaucoup de vertus.

    ſequ. Roff. ar. 26.

  1. 1. 2. qu. 65 art. 2.
    2. 2. quaeſt. 10. art. 4.
    & 3. parte qu. 69. art. 4 & paſſim.
A ij