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DE SOCRATE


putes, où il ſouffroit ſans alteration d’eſprit, autant d’injures qu’on lui en vouloit dire. Auſſi nous a-t-on repréſenté toutes ſes conférences pleines d’une douceur inimitable. Il n’y enſeigne rien qu’en s’enquerant, & bien loin d’établir ſes maximes avec obſtination, il ſemble douter des choſes les plus décidées. Un homme qui a le premier proteſté, que ſa plus certaine ſcience conſiſtoit en la connoiſſance qu’il avoit, de ne ſavoir rien de certain, n’étoit pas pour s’opiniâtrer dans une diſpute, ni pour ſe mettre en colere, contre ceux, qui avoient des ſentimens contraires aux ſiens. C’eſt ce qui fait dire à Ciceron en traitant des paſſions, qu’il nomme ſort proprement des perturbations, que la raiſon leur doit être comme une médecine Socratique, pour les reduire à la modération. S’il eût cru, que Socrate ſe fût laiſſé emporter à la colere, comme le veulent ſes accuſateurs, il ſe fût bien gardé de parler ſi improprement.

On prouve très mal ſon Idolatrie par les termes, dont ſes Diſciples ſe ſont ſervis dans leurs Apologies, quand ils ont écrit, qu’il n’avoit rien innové au fait de la Réligion, aiant toûjours vécu à cet égard comme les autres, & uſé des ſacrifices, ſelon qu’ils