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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


étoient alors en uſage. Car déja leur propre interêt, & la crainte de la cigué les peut avoir fait parler de la ſorte. D’ailleurs, il y a lieu de dire, que Socrate, qui n’avoit que la Foi implicite, ſe contentoit de reconnoitre un ſeul Dieu dans la Loi de Nature, ſans vouloir pour cela troubler le gouvernement public par l’introduction d’un nouveau culte, dont il ne pouvoit uſer, ſans violer les Loix de l’Etat : Et que s’il a ſacrifié à quelques Divinités Atheniennes, ç’a été vraiſemblablement par une nuë reconnoiſſance des puiſſances d’un ſeul Dieu, qu’il adoroit ſous des noms différens. C’eſt ainſi qu’au dire de Zenon, comme nous verrons tantôt, le nom de Jupiter comprenoit celui de toutes les autres Divinités. Et que Macrobe maintient dans les derniers chapitres de ſon premier livre des Saturnales, que tous les Dieux des anciens ſe rapportoient au Soleil. L’Empereur Julien enſeigne la même doctrine dans ! l’Oraiſon qu’il a compoſée à la loüange de ce bel Aſtre. Et nous ſommes obligés de croire, que c’eſt ainſi que l’entendoient ces Philoſophes Payens[1], qui ſe moquoient preſque tous, au rapport de Tertulien, de la pluralité des Dieux ; parce qu’il y a grande apparence d’une part, qu’ils faiſoient ce qu’ils pou-

  1. Lib. 1. ad nat. & in Apol.