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PREMIERE PARTIE

Et néanmoins parce qu’il ſe trouve des perſonnes prévenues de cette penſée, que dans la doctrine de Saint Augustin, les vertus des infidèles ne ſont que des vices, & leur meilleures actions que de véritables péchés ; ce qui jette du ſcrupule dans leur conſcience, comme s’il y avoit du haſard à livrer l’opinion contraire ; je crois néceſſaire de rapporter ici quelques passages de ce grand Prélat, capables de déſabuſer ceux qui le font être de ce ſentiment. Nous tirerons avec facilité de ces paſſages l’explication qu’on doit donner à d’autres textes du même Auteur qui paroiſſent d’abord fort differens. Et il ſera aisé de faire voir enſuite par l’autorité de tous les Peres de l’Eglise, & de presque tous les Docteurs, qui ont précedé, ou qui ont été depuis St. Augustin, de quelle façon il doit être toujours interpreté, lorsqu’il traite de cette matiere.

Je ne ſaurois commencer par un plus notable endroit qu’est celui du cinquième livre de la Cité de Dieu, où nous liſons dans le quinziéme chapitre[1], que les Romains reçurent ce vaſte Empire, qui les a rendus ſi célébres dans le monde, en recompenſe des vertus excellentes qu’ils exerçoient pour y parvenir. Car comme argumente fort bien le Cardinal

  1. Et ep. 5. ad Marcell.
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