Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
PREMIERE PARTIE


agréable à Dieu, qui eſt l’éternelle Vérité, que celle de Céſar. Voici d’autres paroles du même lieu fort conſidérables : Paucorum igitur virtus ad gloriam, honorem, imperium, vera via, id eſt ; virtute ipſa nitentium ; etiam a Catone laudata eſt. Remarquons y, qu’il n’eſt pas vrai, que tout deſir de gloire & d’honneur ſoit un vice, comme le prétendent ceux, qui ſont de l’avis, que nous refutons ; n’y aiant que l’ambition démesurée, qui ſoit condamnanble, & non pas le deſir reglé d’une honnête gloire. Obſervons y encore la fauſſeté de cette autre maxime qu’ils defendent, que c’eſt un crime de ſuivre la vertu, à cauſe d’elle-même. Sans doute qu’ils n’ont pas conſidéré, que dans Saint Auguſtin la vertu n’est rien autre choſe que l’amour de Dieu. D’où l’on peut conclure, que suivre la vertu pour l’amour d’elle même, c’eſt la ſuivre pour l’amour de Dieu ; & par conſéquent que leur maxime paroit un blaſpheme.

Au moins, il eſt sûr[1], qu’ils portent ici en Sophistes la doctrine de Saint Auguſtin à une telle extrémité, que Suarez, & beaucoup d’autres ont été contraints de dire, qu’ils la tenoient inviolable, priſe de la façon ; parce que de nommer la vertu recherchée pour l’amour d’elle-même, un vice, c’eſt former des

  1. Lib. 1. de grat. c. 7. n. 11.
A iiij