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PREMIERE PARTIE


que celle même d'un Schiſmatique eſt digne de louange, lorſqu'il ſouffre la mort plutôt que de nier Jeſus Chriſt. Et ce qu'il dit de la bonté d'Aſſuerus[1] eſt encore fort précis, pour donner à connoïtre, que la penſée de ce grand Docteur n'a jamais été de priver de toute vertus les Ethniques, ni d'obliger à tenir leurs meilleures actions pour autant de pèchés. Joignons à cela ce que nous obſerverons plus particulierement ci-après en examinant la Philoſophie de Platon, d'Ariſtote, & de Seneque, ſavoir que le même St. Auguſtin a ſouvent exalté les mœurs exemplaires de celui-ci, nommé le ſecond un homme de bien, & crû au jugement de Toſtat, que le premier étoit ſauvé. En vérité, ce ſont des témoignages plus que ſuffiſans pour la preuve de ce que nous diſons, ſans qu'il ſoit beſoin de nous amuſer à une infinité d'autres paſſages ſemblables, que nous pourrions ajoûter à ceux-ci.

Il ne faut pas s'arrêter non plus à la reponſe ridicule, que quelques-uns y ont voulu faire, prétendant que Saint Auguſtin n'a rien écrit de la ſorte, que comme Saint-Pelagien qu'il étoit avant la promotion à l'Evêché d'Hipponne. Car outre que la plûpart des livres d'où ſont tirés tous ces textes, nommément ceux de la Cité de Dieu, ont été com-

  1. L. de gr. Ch. c. 24.
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