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DE LA VERTU DES PAYENS.


poſés par lui depuis qu’il fût Evêque, ſi cette ſolution étoit bonne pour toutes les œuvres où il la faudroit néceſſairement appliquer, que reſteroit-il d’entier dans Saint Auguſtin ? Pour moi je ne crois pas, qu’on puiſſe rien prononcer de plus préjudiciable à l’honneur de ſa doctrine, que ce qu’avancent en cela des hommes qui font néanmoins profeſſion d’être fort partiaux pour elle, & qui n’ont point de honte de dire nettement, que Toſtat, Bellarmin, Tolet, Vaſquez, Cornelius à Lapide, Suarez, Leſſius, Molina, avec le reſte des Scholaſtiques, ne l’ont jamais bien entendu comme eux. Je ſuis fort trompé, s’ils en ſont crûs à leur ſimple parole.

Pour bien juger de ce différent, il n’y a point de plus sûre méthode à tenir, que d’avoir recours au ſentiment des Peres, qui ont été devant ou après S. Auguſtin, & qui nous feront voir celui de l’Eglise Universelle.

Saint Jérôme dit fort clairement ſur le premier chapitre de l’Epître aux Galates, que pluſieurs ont pû faire des actions pleine de ſageſſe, & de ſainteté, encore qu’ils n’euſſent pas la Foi, ni la connoiſſance de l’Evangile de Jeſus Chriſt. Ainſi l’on ne peut nier, qu’ils n’aient ſouvent donné l’aumône aux néceſſiteux, reſpecté leurs parens, ſecouru leurs