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PREMIERE PARTIE


amis, & obei aux Puiſſances Souveraines, qui ſont toutes bonnes œuvres. Et il prouve la même doctrine, lorſqu’il examine le vingt-neuvième chapitre d’Ezechiel, où le Roi Nabuchodonosor, quoiqu’infidele, reçoit des recompenses temporelles de Dieu, pour des choſes qu’il avoit juſtement exécutées, par la voies des armes contre la ville de Tyr ; ce qui montre aſſez, qu’on ne peut pas dire, que les Ethniques ne puiſſent jamais rien faire de bien.

Saint Chryſoſtome en divers lieux de ſes Homelies[1], Saint Ambroiſe, Origene, Saint aſile, & Saint Juſtin, ont tous été auparavant de ce même avis, ſans faire difficulté de reconnoître les Infideles pour juſtes, patiens ou liſericordieux, ſelon les vertus qui les rendoient recommandables, encore qu’elles n’operaſſent rien au ſalut de leur ame.

Quant aux Peres, qui ont écrit depuis Saint Auguſtin, l’on ſait que Saint Proſper, Saint Gregoire le Grand, & Saint Thomas ont été conformes aux précedens, outre que tout le reste de ceux, que nous verrons tantôt avoir bien penſé de la félicité éternelle de quelques Païens, ne les ont pas crûs par conſequent incapables de faire de bonnes actions. Enfin il ſemble, que l’Egliſe ait déterminé ce que

  1. Homél. de fide, & 7. ad pop. in Pſal. 2.
    Org. in c. 2. ep. ad Rom.
    Inflexam Homil. Apol. ad Anton.
    Adv. coll. c. 26.
    Hom. 17. in Ev.