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DE LA VERTU DES PAYENS.


nous devons penſer là deſſus, quand la Bulle des Papes Pie Cinq, & Gregoire, Treize a condanné de certaines propoſitions d’un Michel Baſe, comme erronées, & hérétiques, dont la trente cinquiéme portoit, que toutes les œuvres des Païens n’étoient que des pechés, & les vertus de ces anciens Philoſophes que des vices[1]. Auſſi contient-elle l’opinion expreſſe de Luther, de Calvin, & de la plûpart des autres Hérétiques de ce tems[2].

Il n’y a donc point d’apparence d’en rendre auteur Saint Auguſtin par de mauvaiſes interprétations. Et quand il ſeroit certain, qu’il auroit enſeigné une ſi rigoureuſe doctrine contre toute ſorte de Païens ce que nous avons montré n’être pas véritable, nous ne devrions pas pour cela abandonner celle de tant de Saints Docteurs pour ſuivre la ſienne. Son texte n’a pas le privilège d’être Canonique, il s’eſt bien rétracté lui-même de beaucoup de propoſitions ; & comme perſonne ne defère plus à ce qu’il a écrit des Antipodes dans la Cité de Dieu, où il les prend pour une fable, on ſe peut bien departir ailleurs de ces ſentimens[3]. Dans une Epitre à Voluſianus[4], il ſuppoſe ſuivant l’erreur commune, que Pherécydes étoit Aſſyrien ; Et parce qu’on veut, que ce Philoſophe aie le premier enſeigné l’Im-

  1. Art. 36. l.
  2. 2. Inſt. c. 3.
  3. Lib. 18. c.
  4. 'Epist. 3.