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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


de ſoixante & dix ans, il y aura peu à dire, que le tems de ſa mort n’arrive à celui de la génération de Socrate. D’où il s’enſuit qu’un même ſiécle fit voir à la Chine & à la Grèce les deux plus vertueux hommes de toute la Gentilité. Ils ont encore cela de commun entre eux, que l’un & l’autre mépriſèrent les ſciences moins utiles, pour cultiver ſoigneuſement celle des mœurs, qui nous touche de plus près. De ſorte, qu’on peut dire, que Confucius fit deſcendre auſſi bien que Socrate la Philofophie du Ciel en terre, par l’autorité qu’ils donnèrent tous deux à la Morale, que les curioſités de la Phyſique, de l’Aſtronomie, & de ſemblables ſpeculations avoient preſque fait mépriſer auparavant.

En effet, tous les Arts libéraux toutes les ſciences ont eu cours à la Chine auſſi bien que parmi nous. Gonc. de Mendoce 1. Part. l. 3. cap. 17. La ſeule liſte des livres, qu’en apporta aux Philippines le Pere Herrade Auguſtin & ſes compagnons, le fait bien voir, n’y aiant preſque ſcience, dont il ne ſe trouvât quelque traités ſeparé ; dans ce peu de volumes, qu’ils avoient pû trouver. L’on voit d’excellens Géometres, Arithméticiens, & Aſtrologues Chinois. La Médecine eſt exercée parmi eux avec grande méthode &